La tenue d’une comptabilité n’est pas automatiquement obligatoire pour une SCI à l’IR, mais devient exigée en partie double si les statuts l’imposent, si un associé est une société, si la SCI a opté pour l’IS, si elle est assujettie à la TVA, exerce une activité commerciale ou dépasse deux des seuils (bilan >1 550 000 €, CA HT >3 100 000 €, >50 salariés).
SCI à l’IR : comptabilité de trésorerie simplifiée (enregistrer encaissements/décaissements), tenir un livre-journal, conserver toutes les pièces justificatives et déposer la déclaration annuelle n°2072 pour répartir le résultat entre associés.
SCI à l’IS : comptabilité d’engagement conforme au Plan Comptable Général (comptes en partie double), enregistrement des créances/dettes, livres obligatoires (journal, grand livre, inventaire), comptes annuels (bilan, compte de résultat, annexes), liasse fiscale n°2065 et amortissements à gérer ; l’option IS est quasi irrévocable (5 ans) et change la fiscalité des plus-values et distributions.
Documents et opérations pratiques à maîtriser : statuts à jour, procès-verbaux, registre des mouvements de parts, plan comptable adapté, enregistrement rigoureux des loyers, charges, travaux (différencier entretien/immo), gestion des comptes courants d’associés et calcul/lettrage des amortissements en SCI à l’IS.
Organisation recommandée : pour les SCI à l’IR faibles en flux, gestion interne possible avec logiciel spécialisé et synchronisation bancaire ; pour une SCI à l’IS ou opérations complexes, recourir à un expert‑comptable (ou solution hybride) et s’appuyer sur ressources actionnables : checklists de clôture, modèles d’écritures, plan comptable SCI et guide de préparation de la liasse.
Vous pensiez que gérer une Société Civile Immobilière (SCI) se résumait à encaisser des loyers et à payer quelques factures ? Si la SCI est un formidable outil de gestion et de transmission de patrimoine, sa gestion administrative, et notamment ses obligations comptables, ne doivent pas être prises à la légère. Selon son régime fiscal et sa situation, les exigences peuvent passer d’un simple suivi des flux à une rigueur digne d’une société commerciale.
Alors, comment naviguer entre comptabilité simplifiée et obligations complexes ? Ce guide complet pour 2026 est là pour éclaircir toutes les règles, vous aider à faire les bons choix et à gérer votre SCI en toute sérénité.
La tenue d’une comptabilité est-elle obligatoire pour une SCI ?
En principe, une SCI relevant de l’impôt sur le revenu (IR) n’est pas soumise aux mêmes obligations comptables strictes que les sociétés commerciales. N’ayant pas de caractère commercial, sa gestion peut se limiter à une comptabilité simplifiée. C’est le cas typique de la SCI familiale destinée à la gestion d’un patrimoine privé.
Cependant, cette simplicité apparente cache plusieurs situations où la tenue d’une comptabilité complète devient une obligation légale. Il est crucial de vérifier si votre SCI se trouve dans l’un des cas suivants :
Les statuts l’imposent : Une clause spécifique dans les statuts de la société peut exiger la tenue d’une comptabilité en partie double.
La nature d’un associé : Si l’un des associés est une entreprise soumise à l’impôt sur les sociétés (IS) ou relevant des bénéfices industriels et commerciaux (BIC).
Le régime fiscal : La SCI a opté pour l’impôt sur les sociétés (IS) ou est assujettie à la TVA.
L’activité exercée : La SCI exerce une activité commerciale, même à titre accessoire (par exemple, la location meublée régulière) ou a pour objet la construction-vente.
Le dépassement de certains seuils : La SCI est tenue d’établir des comptes annuels si elle dépasse deux des trois seuils suivants à la clôture de l’exercice :
Total du bilan supérieur à 1 550 000 €.
Chiffre d’affaires hors taxes supérieur à 3 100 000 €.
Nombre moyen de salariés supérieur à 50.
Même en l’absence d’obligation stricte, une gestion comptable rigoureuse est fortement recommandée. Elle permet de suivre la trésorerie, de justifier les flux financiers en cas de contrôle fiscal, de prouver que la société n’est pas fictive, et surtout, de clarifier les relations entre associés en suivant précisément les apports et les comptes courants de chacun.
Comptabilité SCI à l’IR : la voie de la simplicité
Par défaut, une SCI est fiscalement “transparente”. Cela signifie que les bénéfices ne sont pas imposés au niveau de la société, mais directement entre les mains des associés, au prorata de leurs parts dans le capital social. Chacun intègre ensuite sa quote-part de revenus fonciers dans sa propre déclaration de revenus.
Pour ce régime, une comptabilité de trésorerie est suffisante. Son principe est simple : enregistrer les encaissements (recettes) et les décaissements (dépenses) au moment où ils apparaissent sur le compte bancaire de la société.
Les obligations se résument donc à :
Tenir un livre-journal : Il s’agit d’un registre qui retrace chronologiquement toutes les opérations financières, en indiquant la date, le libellé, le montant et le mode de règlement.
Conserver les pièces justificatives : Chaque opération doit être appuyée par un document probant (facture, quittance de loyer, relevé bancaire, etc.). Ces justificatifs sont essentiels en cas de contrôle.
Établir une déclaration fiscale annuelle : Le gérant doit remplir la déclaration n°2072. Ce document permet de déterminer le résultat foncier de la SCI, qui sera ensuite réparti entre les associés.
Cette approche, bien que simple, demande de la rigueur. Un suivi régulier évite les oublis et facilite grandement la préparation de la déclaration annuelle.
Comptabilité SCI à l’IS : des obligations plus strictes
Une SCI peut opter pour l’impôt sur les sociétés (IS). Ce choix, souvent stratégique, a des conséquences comptables majeures et est, sauf exception, irrévocable. La SCI n’est plus transparente et est imposée sur ses propres bénéfices, comme une entreprise commerciale.
Ce changement de régime fiscal impose le passage à une comptabilité d’engagement, aussi appelée comptabilité en partie double. Elle est beaucoup plus formelle et doit respecter les normes du Plan Comptable Général (PCG).
Concrètement, la SCI à l’IS doit :
Enregistrer les créances et les dettes : Contrairement à la comptabilité de trésorerie, une opération est enregistrée dès qu’elle est acquise (une facture émise) ou engagée (une facture reçue), et non lors de son paiement effectif.
Tenir des livres comptables obligatoires : Un livre-journal, un grand-livre (qui détaille les mouvements par compte) et un livre d’inventaire.
Établir des comptes annuels : À la clôture de chaque exercice, la SCI doit produire un bilan comptable, un compte de résultat et des annexes.
Déclarer son résultat fiscal : La société doit souscrire une liasse fiscale professionnelle (formulaire n°2065 et ses annexes), bien plus complexe que la déclaration 2072.
Calculer et pratiquer l’amortissement : L’un des grands avantages de l’IS est la possibilité d’amortir l’immeuble et les gros travaux, c’est-à-dire de déduire chaque année une fraction de leur valeur, ce qui diminue le résultat imposable.
Opter pour l’impôt sur les sociétés est une décision lourde de conséquences. Si elle offre des avantages comme l’amortissement du bien et une meilleure maîtrise de la fiscalité des revenus, elle est irrévocable après une période de 5 ans. Un retour à l’IR est impossible passé ce délai. Cette décision modifie en profondeur la fiscalité des plus-values en cas de revente et la gestion des distributions aux associés (dividendes). Avant de franchir le pas, une analyse approfondie avec un expert est indispensable.
IR ou IS : quel impact sur la gestion comptable ?
Pour y voir plus clair, voici un tableau récapitulatif des principales différences comptables et fiscales entre les deux régimes.
Tableau récapitulatif
Critère
SCI à l’Impôt sur le Revenu (IR)
SCI à l’Impôt sur les Sociétés (IS)
Type de comptabilité
Comptabilité de trésorerie (simplifiée)
Comptabilité d’engagement (complète)
Documents annuels
Journal des recettes/dépenses
Bilan, compte de résultat, annexes
Déclaration fiscale
Déclaration n°2072
Liasse fiscale n°2065
Amortissement de l’immeuble
Non déductible
Déductible (réduit le bénéfice imposable)
Imposition des bénéfices
Au niveau des associés (revenus fonciers)
Au niveau de la société (taux d’IS)
Distribution aux associés
Automatique (quote-part du résultat)
Décidée en assemblée (dividendes), double imposition
Gestion des déficits
Imputables sur les revenus globaux des associés
Reportables sur les bénéfices futurs de la SCI
Comment tenir la comptabilité de sa SCI en pratique ?
Les documents comptables et juridiques indispensables
Quelle que soit l’option fiscale, une SCI doit maintenir à jour un certain nombre de documents juridiques qui sont le socle de sa vie sociale :
Les statuts à jour.
Le registre des décisions des associés (procès-verbaux d’assemblées générales).
Le registre des mouvements de titres, qui retrace les cessions de parts.
S’y ajoutent les documents comptables spécifiques au régime (journal de trésorerie pour l’IR, ou la liasse complète pour l’IS) et bien sûr, l’ensemble des pièces justificatives.
Gérer soi-même avec un logiciel ou déléguer à un expert-comptable ?
Face à ces obligations, deux grandes options s’offrent au gérant de la SCI.
1. Gérer en interne avec un logiciel :
Cette solution peut sembler économique, surtout pour une SCI à l’IR avec peu d’opérations. Des logiciels de comptabilité, parfois spécialisés pour l’immobilier, permettent d’automatiser une partie des saisies.
Avantages : Coût réduit, contrôle direct sur les données.
Inconvénients : Chronophage, risque d’erreurs élevé (surtout pour l’IS), nécessité de se former et de faire une veille fiscale constante.
2. Déléguer à un cabinet d’expertise comptable :
Faire appel à un expert-comptable est la solution la plus sécurisante, et devient quasi indispensable pour une SCI à l’IS.
Avantages : Conformité garantie, gain de temps considérable, conseils en optimisation fiscale, sécurité en cas de contrôle.
Inconvénients : Coût plus élevé.
Chez Keobiz, nous proposons une approche qui combine le meilleur des deux mondes. Grâce à des outils performants comme notre portail de gestion et la synchronisation bancaire, vous gardez une vision en temps réel de votre trésorerie tout en automatisant la collecte de documents. En parallèle, un expert-comptable dédié, spécialiste de l’immobilier, prend en charge les aspects complexes : validation des comptes, établissement du bilan et de la liasse fiscale, et conseil personnalisé. Notre Pack Immo est spécifiquement conçu pour répondre aux besoins des SCI, qu’elles soient à l’IR ou à l’IS.
Les opérations comptables courantes d’une SCI
Enregistrement des loyers et des charges
La vie d’une SCI est rythmée par des flux récurrents.
Les loyers : Ils constituent les principaux produits de la société. Ils doivent être enregistrés avec rigueur, en distinguant le loyer principal des provisions sur charges.
Les charges : Elles sont nombreuses et doivent être suivies précisément. On y trouve la taxe foncière, les primes d’assurance, les frais de gestion, les intérêts d’emprunt, les charges de copropriété, ainsi que les dépenses d’entretien et de réparation. Une bonne classification est essentielle pour le calcul du résultat fiscal.
Le traitement des travaux et des amortissements (en SCI à l’IS)
Pour une SCI à l’IS, la gestion des travaux est un point clé. On distingue :
Les dépenses d’entretien et de réparation : Elles visent à maintenir le bien en état et sont déductibles immédiatement.
Les dépenses d’amélioration ou de construction : Elles apportent une plus-value au bien. Elles ne sont pas déduites immédiatement mais sont “immobilisées”, c’est-à-dire ajoutées à la valeur du bien pour être amorties sur plusieurs années.
L’amortissement consiste à constater comptablement la perte de valeur du bien due à l’usure et au temps. Cette dotation aux amortissements est une charge calculée qui vient diminuer le bénéfice imposable, sans pour autant être une sortie de trésorerie. C’est un levier d’optimisation fiscale majeur en SCI à l’IS.
Gestion des comptes courants d’associés
Il est fréquent que les associés prêtent de l’argent à la SCI (pour financer des travaux, un apport, etc.) ou, plus rarement, qu’ils en prélèvent. Ces mouvements doivent être scrupuleusement enregistrés dans un compte courant d’associé pour chaque partenaire. Une gestion claire de ces comptes est primordiale pour éviter toute confusion entre le patrimoine de la société et celui des associés, et pour s’assurer que les remboursements sont effectués de manière équitable et justifiée.
La gestion comptable d’une SCI, loin d’être un simple fardeau administratif, est le pilier d’une gestion saine et sécurisée de votre patrimoine immobilier. Le choix du régime fiscal (IR ou IS) est la première décision structurante qui déterminera le niveau de complexité de vos obligations. Quelle que soit l’option retenue, la rigueur est de mise.
Pour naviguer ces complexités, sécuriser vos déclarations et optimiser la fiscalité de votre patrimoine, l’accompagnement d’un expert est souvent la décision la plus rentable. Nos conseillers spécialisés en immobilier sont à votre disposition pour analyser votre situation et vous proposer la solution la plus adaptée à votre projet.
FAQ :
Quelle comptabilité pour une SCI familiale ?
La comptabilité d’une SCI familiale dépend de son régime fiscal, comme pour toute autre SCI. Si elle est à l’IR (cas le plus courant), une comptabilité de trésorerie simplifiée suffit. Si elle a opté pour l’IS, elle doit se plier aux règles de la comptabilité d’engagement. La vigilance est de mise sur le suivi des comptes courants d’associés pour préserver l’harmonie familiale et assurer la transparence des opérations.
Un expert-comptable est-il obligatoire pour une SCI ?
Non, la loi n’impose pas de recourir à un expert-comptable pour une SCI. Cependant, c’est très fortement recommandé, voire indispensable, pour une SCI soumise à l’IS en raison de la complexité des règles comptables et fiscales (bilan, liasse fiscale, amortissements). Pour une SCI à l’IR, son aide est précieuse pour sécuriser la déclaration 2072 et optimiser la gestion.
Quels sont les risques d'une mauvaise tenue comptable ?
Les risques sont multiples : un redressement fiscal en cas de contrôle, le rejet des déficits déclarés, des pénalités financières, voire la remise en cause de l’existence même de la société (requalification en société fictive). Sur le plan interne, une comptabilité floue est une source fréquente de conflits entre associés.
Comment passer ma SCI de l'IR à l'IS ?
Le passage de l’IR à l’IS se fait par l’envoi d’une lettre d’option au service des impôts des entreprises (SIE) dont dépend la SCI. Cette option doit être exercée avant la fin du troisième mois de l’exercice pour lequel on souhaite qu’elle s’applique. Attention, cette décision entraîne des conséquences fiscales immédiates (imposition des plus-values latentes) et est irrévocable après 5 ans. Il est crucial de se faire accompagner par un professionnel pour mesurer tous les impacts d’un tel changement.



