Le choix du statut (entreprise individuelle micro‑BNC ou déclaration contrôlée, société type EURL/SAS/SEL) conditionne directement vos obligations comptables, fiscales et sociales et doit être fait en fonction du volume d’activité et des charges prévues.
Le régime micro‑BNC offre une comptabilité ultra‑simplifiée (livre des recettes, franchise de TVA sous seuil), alors que la déclaration contrôlée impose une tenue complète de trésorerie, un registre des immobilisations et le dépôt de la déclaration 2035.
En société, la comptabilité d’engagement s’impose : enregistrement des créances et dettes, établissement des comptes annuels, dépôt au greffe et dépôt de la liasse fiscale (2065 si IS), avec formalisme et obligations accrues.
La comptabilité analytique par mission est indispensable pour mesurer la rentabilité réelle de chaque projet (répartition des honoraires, coûts horaires, sous‑traitance, frais), ajuster les devis et piloter la stratégie de l’agence.
Mettez en place des outils adaptés (logiciel de facturation/compta avec suivi analytique, compte bancaire dédié), gérez correctement la TVA et les cotisations sociales, et externalisez à un expert‑comptable spécialisé dès que la situation se complexifie pour sécuriser et optimiser votre gestion.
Architecte, comment bâtir une gestion financière aussi solide et pérenne que vos constructions ? Entre la conception créative, le suivi de chantier et la relation client, la gestion administrative peut rapidement devenir un fardeau. Pourtant, une tenue de comptes rigoureuse n’est pas seulement une obligation légale ; c’est un outil stratégique essentiel pour piloter la rentabilité de votre agence, optimiser votre fiscalité et assurer son développement. Bâtir des fondations comptables saines est la clé pour vous concentrer sur ce que vous faites de mieux : créer les espaces de demain.
Les statuts juridiques de l’architecte et leurs impacts comptables
Le métier d’architecte est une profession réglementée qui peut s’exercer sous différentes formes juridiques. Ce choix initial est déterminant, car il conditionne l’étendue de vos obligations comptables, fiscales et sociales. Que vous envisagiez de vous lancer seul ou de créer une agence, il est crucial de comprendre les implications de chaque statut.
Globalement, trois grandes voies s’offrent à vous :
- L’entreprise individuelle (EI) : vous exercez en nom propre.
- La société d’exercice libéral (SEL) ou la société civile professionnelle (SCP).
- La société commerciale : SARL, SAS, ou leurs formes unipersonnelles EURL et SASU.
Chaque structure possède ses propres règles du jeu en matière de gestion.
L’exercice en nom propre (entreprise individuelle)
Se lancer en indépendant est souvent l’option privilégiée pour débuter. Deux régimes fiscaux principaux coexistent, avec des niveaux de contraintes très différents.
Le régime Micro-BNC : la voie de la simplicité
Ce régime est accessible si vos recettes annuelles n’excèdent pas 72 600 euros. Son principal avantage réside dans ses obligations comptables ultra-simplifiées, idéales pour un démarrage d’activité. L’administration fiscale applique ensuite un abattement forfaitaire représentatif de vos charges sur vos recettes déclarées pour calculer votre bénéfice imposable.
Tableau récapitulatif
Catégorie
Obligations en Micro-BNC
Comptabilité
• Tenue d’un livre des recettes encaissées chronologiquement.• Pas d’obligation d’établir des comptes annuels (bilan, compte de résultat).
Déclaration fiscale
• Report du montant brut des recettes sur votre déclaration de revenus personnelle (n°2042-C Pro).• Pas de liasse fiscale à déposer.
TVA
• Par défaut, vous bénéficiez de la franchise en base de TVA (pas de TVA facturée ni récupérée), sous certains seuils.
Le régime de la déclaration contrôlée : une gestion plus fine
Ce régime s’applique obligatoirement si vos recettes dépassent 72 600 € ou sur option si vous estimez que vos charges réelles sont supérieures à l’abattement forfaitaire du régime micro. Les contraintes sont plus importantes mais permettent une déduction de vos frais professionnels réels, ce qui peut s’avérer fiscalement plus avantageux.
Tableau récapitulatif
Catégorie
Obligations sous la déclaration contrôlée
Comptabilité
• Tenue d’une comptabilité de trésorerie (recettes/dépenses).• Tenue d’un livre-journal des recettes et dépenses.• Tenue d’un registre des immobilisations et des amortissements.• Établissement d’un bilan et d’un compte de résultat à la clôture de l’exercice.
Déclaration fiscale
• Dépôt d’une déclaration de résultats professionnels n°2035 et ses annexes.
TVA
• Assujettissement à la TVA (régime réel simplifié ou normal).
Le choix entre Micro-BNC et déclaration contrôlée n’est pas anodin. Avant de décider, estimez vos charges professionnelles prévisionnelles (logiciels, assurance, cotisations à l’Ordre, déplacements…). Si elles dépassent 34% de vos recettes (l’abattement forfaitaire), opter pour le régime réel est probablement plus judicieux, même sous le seuil du micro.
L’exercice en société : des obligations plus complexes
Créer une société (SARL, SASU, SELARL…) pour votre agence d’architecture implique un formalisme plus lourd, mais offre des avantages significatifs : une distinction claire entre votre patrimoine personnel et professionnel, une crédibilité accrue et des possibilités d’optimisation fiscale et sociale plus poussées. En contrepartie, les obligations de gestion s’intensifient.
Toutes les sociétés sont tenues d’appliquer une comptabilité d’engagement. Contrairement à la comptabilité de trésorerie (basée sur les flux financiers), celle-ci enregistre les créances (factures émises, même non payées) et les dettes (factures reçues, même non réglées) dès leur date d’engagement.
Voici un résumé des principales obligations :
Tableau récapitulatif
Catégorie
Obligations pour un architecte en société
Comptabilité
• Application de la comptabilité d’engagement.• Enregistrement de tous les mouvements dans des journaux comptables (achats, ventes, banque…).• Tenue d’un grand livre et d’un livre-journal.• Réalisation d’un inventaire annuel pour valoriser les actifs et passifs.• Établissement des comptes annuels : bilan, compte de résultat et annexe.
Obligations légales
• Dépôt des comptes annuels au greffe du tribunal de commerce.• Tenue d’une assemblée générale annuelle pour approuver les comptes.
Déclaration fiscale
• Dépôt d’une liasse fiscale (n°2065 pour l’IS ou n°2035 si option à l’IR) et ses annexes.

Les spécificités comptables du métier d’architecte
Au-delà des obligations générales liées à votre statut, la profession d’architecte présente des particularités qui exigent une approche comptable adaptée. Une gestion standard ne suffit pas pour piloter efficacement la performance de votre agence.
La comptabilité analytique : un suivi par mission indispensable
La plus grande spécificité de votre métier est la gestion par projet. Pour savoir si une mission est rentable, vous ne pouvez pas vous contenter d’analyser votre chiffre d’affaires global. La mise en place d’une comptabilité analytique est essentielle. Elle consiste à affecter les produits (honoraires) et les charges (heures passées, frais de déplacement, sous-traitance, tirages de plans…) à chaque mission.
Ce suivi vous permet de :
- Calculer la marge réelle de chaque projet.
- Identifier les missions les plus rentables et celles qui le sont moins.
- Ajuster vos devis futurs sur la base de données concrètes.
- Prendre des décisions éclairées sur l’orientation stratégique de votre agence.
La gestion des honoraires, acomptes et facturation
La facturation dans le secteur de l’architecture est souvent échelonnée en fonction de l’avancement des phases du projet (esquisse, avant-projet, permis de construire, suivi de chantier…). Votre comptabilité doit refléter cette réalité.
Les acomptes perçus doivent être enregistrés correctement. En comptabilité d’engagement, ils ne sont pas immédiatement considérés comme du chiffre d’affaires, mais comme une avance d’un client. Le chiffre d’affaires ne sera constaté qu’à la livraison de la prestation correspondante. Une gestion rigoureuse de la facturation et du suivi des encaissements est vitale pour la trésorerie de votre agence.
Vos factures doivent comporter toutes les mentions obligatoires (numéro de facture, dates, identité des parties, détail des prestations, montants HT et TTC, etc.). N’oubliez pas d’indiquer les pénalités de retard applicables. Une facturation claire et conforme est le premier pas pour être payé en temps et en heure.
Les charges déductibles typiques d’une agence d’architecture
Lorsque vous êtes au régime réel (déclaration contrôlée ou en société), vous pouvez déduire l’ensemble des dépenses engagées dans l’intérêt de votre activité. Pour un architecte, les charges les plus courantes incluent :
- Les cotisations professionnelles : Ordre des Architectes, MAF (Mutuelle des Architectes Français Assurances)…
- Les logiciels et licences : AutoCAD, Revit, SketchUp, logiciels de gestion de projet, suite bureautique…
- Les frais de documentation : abonnements à des revues techniques, achat de livres.
- Les frais de déplacement : indemnités kilométriques, billets de train, frais de péage et de stationnement pour les visites de chantier.
- Le loyer et les charges de votre local professionnel (ou une quote-part si vous travaillez depuis votre domicile).
- Les frais de sous-traitance : perspectivistes, économistes de la construction, bureaux d’études techniques…
- Les frais de communication : création de site web, portfolio, cartes de visite.
- L’amortissement du matériel : ordinateurs, traceurs, appareils photo…
TVA, cotisations sociales et aspects fiscaux
La gestion comptable ne s’arrête pas à la saisie des factures. Elle englobe également la gestion de la TVA, le paiement des cotisations sociales et l’optimisation fiscale de votre activité.
Le régime de TVA applicable à l’architecte
Sauf si vous êtes en micro-BNC et bénéficiez de la franchise en base, votre activité est soumise à la TVA. Vous collectez la TVA sur vos honoraires et déduisez la TVA payée sur vos achats professionnels. La différence doit être reversée à l’État selon une périodicité définie (mensuelle, trimestrielle ou annuelle). Le régime (réel simplifié ou réel normal) dépend principalement de votre chiffre d’affaires et du montant de TVA exigible.
Les cotisations sociales et l’optimisation de la rémunération
En tant qu’architecte, vous êtes affilié à des caisses spécifiques pour votre protection sociale et votre retraite (URSSAF pour les allocations familiales, la CSG-CRDS et la maladie ; CIPAV pour la retraite de base et complémentaire). Le calcul de ces cotisations dépend de votre statut et de vos revenus. En société, des stratégies d’optimisation de la rémunération (salaire, dividendes) peuvent être mises en place pour maîtriser la pression sociale et fiscale, un sujet complexe qui nécessite souvent l’avis d’un expert. Pour en savoir plus sur les principes généraux, vous pouvez consulter notre guide sur la comptabilité en profession libérale.
L’intérêt d’une Association de Gestion Agréée (AGA)
Pendant des années, l’adhésion à une AGA était quasi-indispensable pour les professionnels au régime de la déclaration contrôlée afin d’éviter une majoration de leur base imposable. Cette majoration a été supprimée depuis 2023. Toutefois, une AGA peut encore présenter un intérêt : elle offre un service de contrôle préventif de votre comptabilité, ce qui permet de sécuriser vos déclarations fiscales et de réduire le risque de contrôle.
Outils et bonnes pratiques pour une gestion sereine
Une bonne organisation est la clé pour ne pas se laisser déborder. Mettre en place des processus clairs et s’équiper des bons outils vous fera gagner un temps précieux.
Choisir les bons outils de gestion et de comptabilité
L’époque du grand livre papier est révolue. Un logiciel de comptabilité est aujourd’hui indispensable. Choisissez une solution adaptée aux professions libérales ou aux TPE, qui vous permettra de :
- Éditer des devis et factures professionnels.
- Suivre vos encaissements et relancer les impayés.
- Synchroniser vos données avec votre compte bancaire.
- Préparer votre déclaration de TVA.
- Idéalement, intégrer une brique de suivi analytique par projet.
Même si vous exercez en entreprise individuelle, il est obligatoire d’ouvrir un compte bancaire dédié à votre activité professionnelle. Cette séparation stricte entre vos finances personnelles et professionnelles est un principe de base pour une gestion saine et transparente. Elle simplifie grandement le suivi comptable et justifie vos dépenses en cas de contrôle.
Faut-il externaliser sa comptabilité à un expert-comptable ?
Tenir sa comptabilité soi-même est possible, surtout en micro-BNC. Cependant, dès que les obligations se complexifient (passage au réel, création de société, embauche de salariés), le recours à un expert-comptable devient un investissement stratégique.
Un expert-comptable ne se contente pas de saisir des écritures. Il est votre partenaire pour :
- Garantir la conformité de votre comptabilité et de vos déclarations.
- Vous conseiller sur le meilleur statut juridique et les optimisations fiscales.
- Vous aider à analyser vos chiffres (marges, seuil de rentabilité…).
- Vous faire gagner un temps précieux que vous pourrez consacrer à votre cœur de métier.
Le choix d’un cabinet qui connaît les spécificités du métier d’architecte est un atout supplémentaire pour bénéficier de conseils pertinents et sur-mesure.
En définitive, la gestion comptable de votre agence d’architecture est le reflet de sa santé financière. En choisissant le bon statut, en mettant en place un suivi rigoureux par projet et en vous entourant des bons conseils, vous transformez une contrainte administrative en un puissant levier de croissance. Vous construisez ainsi non seulement des bâtiments, mais aussi une entreprise solide et durable.
FAQ :
Quelles sont les principales obligations comptables pour un architecte en micro-BNC ?
Un architecte au régime micro-BNC a des obligations très allégées. Il doit principalement tenir un livre des recettes, qui liste chronologiquement tous les honoraires encaissés. Il n’a pas besoin de produire de bilan ou de compte de résultat. Il reporte simplement le montant total de ses recettes annuelles sur sa déclaration d’impôt sur le revenu.
Comment suivre la rentabilité de chaque projet architectural ?
Le meilleur moyen est de mettre en place une comptabilité analytique. Cela consiste à attribuer à chaque projet (ou “mission”) les revenus qu’il génère et toutes les charges directes qui lui sont associées (heures de travail valorisées, frais de déplacement spécifiques, coûts de sous-traitance, etc.). La différence entre les revenus et les coûts du projet vous donne sa marge et donc sa rentabilité.
Est-il obligatoire de faire appel à un expert-comptable ?
Non, ce n’est pas une obligation légale. Vous pouvez tenir votre comptabilité vous-même. Cependant, c’est fortement recommandé dès que vous passez au régime réel ou que vous créez une société. L’expert-comptable assure la conformité de vos comptes, vous fait gagner du temps et vous apporte un conseil stratégique précieux pour optimiser votre fiscalité et piloter votre agence.
Quelles sont les charges les plus courantes que je peux déduire en tant qu'architecte ?
Si vous êtes au régime réel, vous pouvez déduire toutes les dépenses engagées dans l’intérêt de votre activité. Les plus fréquentes sont : les cotisations à l’Ordre des Architectes et à l’assurance (MAF), l’achat de logiciels (CAO/DAO), les frais de location de votre bureau, les frais de déplacement pour les chantiers, les abonnements à des revues techniques, et l’amortissement de votre matériel informatique.



