La création d’une entreprise débute par une décision fondatrice : la sélection de la forme juridique. Ce choix détermine votre niveau d’imposition, votre protection sociale, la sécurité de votre patrimoine et votre capacité à intégrer des partenaires.
Beaucoup d’entrepreneurs perçoivent cette étape comme une formalité administrative. C’est une erreur stratégique. Un mauvais statut coûte cher en impôt et en charges sociales. À l’inverse, une structure adaptée optimise vos revenus dès la première année.
Oubliez les généralités. En tant qu’experts-comptables, nous analysons quotidiennement les dossiers de créateurs. Voici notre méthode en 5 étapes pour identifier le cadre juridique qui propulsera votre activité.
Le choix du statut juridique (SARL, SAS, EI) est une étape fondatrice de la création d’entreprise qui détermine directement votre responsabilité, votre fiscalité et le niveau de protection de votre patrimoine.
Définissez si vous entreprenez seul (SASU, EURL, micro-entreprise) ou avec des partenaires, car la structure du capital, la répartition des actions et la gestion des bénéfices diffèrent selon que la société est unipersonnelle ou collective.
Analysez le régime social du dirigeant pour optimiser vos revenus : le statut TNS offre des charges réduites, tandis que le statut assimilé salarié garantit une meilleure couverture sociale, un critère décisif selon votre situation personnelle.
Ne négligez pas l’impact fiscal : l’arbitrage entre l’impôt sur le revenu (IR) et l’impôt sur les sociétés (IS) est crucial pour piloter la croissance de votre activité et gérer le montant de l’imposition sur vos bénéfices.
Au-delà des avantages théoriques, la rédaction des statuts et les formalités d’apports demandent une précision d’expert ; une simulation personnalisée reste le meilleur moyen de valider l’option la plus rentable pour votre projet.
Étape 1 : Définir le cadre de propriété et de pouvoir
La première question filtre 50 % des options. Allez-vous entreprendre seul ou à plusieurs ?
Vous entreprenez seul (Solopreneur)
Vous conservez le contrôle total. Trois options dominent le marché :
- L’Entreprise Individuelle (EI) : Vous et l’entreprise formez une seule personne juridique (bien que vos patrimoines soient séparés). C’est le royaume de la micro-entreprise.
- L’EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) : C’est une SARL constituée d’un seul associé. Vous créez une personne morale distincte.
- La SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle) : La version solo de la SAS. Elle offre une souplesse statutaire maximale.
Vous entreprenez à plusieurs (Associés)
La création d’une société devient obligatoire pour répartir le capital et les pouvoirs.
- La SARL (Société à Responsabilité Limitée) : Idéale pour les projets familiaux ou entre artisans. Le cadre légal strict sécurise les relations entre associés.
- La SAS (Société par Actions Simplifiée) : Prisée pour les startups et les projets évolutifs. Elle permet de créer différentes catégories d’actions et d’organiser librement la gouvernance.
- La SA (Société Anonyme) ou la SNC (Société en Nom Collectif) : Ces formats concernent des projets de très grande envergure ou des niches spécifiques (débits de tabac pour la SNC). Pour 99 % des TPE/PME, la SAS ou la SARL restent les standards.
Si vous démarrez seul mais envisagez de faire entrer des investisseurs ou des associés sous 18 mois, optez directement pour la SASU. Le passage de SASU vers SAS se fait sans friction, une simple modification des statuts suffit. Transformer une EURL en SAS coûte plus cher et exige l’intervention d’un commissaire aux apports.
Étape 2 : Choisir votre protection sociale (TNS vs Salarié)
C’est ici que votre calculatrice doit sortir. Votre statut juridique dicte votre régime social. Vous cotisez soit au régime des Travailleurs Non Salariés (TNS), soit au régime général (Assimilé Salarié).
Le statut TNS (Travailleur Non Salarié)
Ce régime concerne l’entrepreneur individuel (EI), le gérant majoritaire d’EURL ou de SARL.
- Coût : Les charges sociales représentent environ 45 % de votre rémunération nette (variation en fonction de votre rémunération).
- Couverture : La protection reste correcte pour la santé, mais plus faible pour la retraite et les indemnités journalières.
- Stratégie : C’est le choix du “net en poche”. Vous payez moins de charges, ce qui maximise votre revenu disponible immédiat.
Le statut Assimilé Salarié
Ce régime concerne le président de SASU ou de SAS, et le gérant minoritaire de SARL.
- Coût : Les charges sociales peuvent grimper jusqu’à 75-80% de la rémunération nette.
- Couverture : Vous bénéficiez de la même protection qu’un cadre salarié (retraite, prévoyance), à l’exception du chômage.
- Stratégie : C’est le choix de la sécurité. Il convient aux dirigeants qui souhaitent valider des trimestres de retraite complets et maximiser leur couverture santé.
Étape 3 : Piloter la fiscalité (IR vs IS)
Comment l’État va-t-il taxer vos bénéfices ? Deux mécanismes s’affrontent.
L’Impôt sur le Revenu (IR) : La transparence
L’entreprise ne paie pas d’impôt directement. Le bénéfice s’ajoute à vos autres revenus personnels et subit le barème progressif de l’impôt sur le revenu.
- Statuts concernés : EI (micro ou réel), EURL (sur option), SARL de famille.
- Avantage : Simple en cas de bénéfice faible.
- Inconvénient : Si vous faites beaucoup de profit, vous changez de tranche d’imposition personnelle, même si vous laissez l’argent dans l’entreprise pour investir.
L’Impôt sur les Sociétés (IS) : L’écran fiscal
L’entreprise paie son propre impôt sur les bénéfices (15 % jusqu’à 42 500 € de bénéfice, 25 % au-delà). Vous ne payez de l’IR personnel que sur les sommes que vous vous versez (rémunération ou dividendes).
- Statuts concernés : EURL, SARL, SASU, SAS (et EI sur option depuis 2022).
- Avantage : Vous pilotez votre imposition personnelle. Vous pouvez réinvestir les bénéfices de la société sans qu’ils ne soient fiscalisés à titre personnel.
Étape 4 : Le comparatif des 3 “Stars” juridiques
Pour vous aider à trancher, analysons les trois options les plus fréquentes.
1. La Micro-entreprise (Régime de l’EI) : La rampe de lancement
Idéale pour tester un projet ou une activité de service avec peu de frais.
- Simplicité : Pas de bilan, charges sociales calculées sur le chiffre d’affaires encaissé.
- Limite : Vous ne déduisez aucune charge (loyer, matériel, déplacements). Si vous avez beaucoup de dépenses, vous perdez de l’argent. De plus, le CA est plafonné (77 700 € en service, 188 700 € en commerce).
- Patrimoine : Depuis la suppression de l’EIRL, l’EI offre une protection automatique du patrimoine personnel (sauf la résidence principale), mais les banques demandent souvent des cautions.
2. La SARL / EURL : La forteresse de gestion
Le statut “bon père de famille”, parfait pour l’artisanat, le commerce de proximité ou les consultants cherchant à optimiser.
- Conjoint : Seule la SARL permet le statut de conjoint collaborateur, très protecteur pour l’époux(se) qui travaille sans rémunération fixe.
- Rémunération : Le statut TNS permet une rémunération nette plus élevée à coût employeur égal par rapport à la SAS.
- Rigidité : La rédaction des statuts et l’entrée de nouveaux associés sont très encadrées par la loi.
3. La SAS / SASU : La favorite des temps modernes
La forme juridique reine pour la flexibilité et les dividendes.
- Dividendes : Contrairement à la SARL, les dividendes en SAS/SASU ne supportent pas de charges sociales, seulement la “Flat Tax” (30 %). C’est un outil puissant d’arbitrage rémunération/dividendes.
- Maintien ARE : Si vous touchez le chômage, la SASU permet de ne pas se verser de salaire (donc 0 charges) et de maintenir 100 % de vos allocations, tout en capitalisant les bénéfices dans la société.
Tableau de synthèse pour décision rapide
| Critère | Micro-Entreprise | EURL / SARL | SASU / SAS |
| Complexité | Faible (pas de bilan) | Moyenne | Élevée (bulletin de paie) |
| Dirigeant | TNS | TNS (Majoritaire) | Assimilé Salarié |
| Charges sociales | Faibles (sur CA) | 45% (sur net) | 75% (sur net) |
| Protection Sociale | Minima | Moyenne | Excellente (sauf chômage) |
| Dividendes | Impossible | Taxés (cotisations sociales) | Non taxés (Flat Tax 30%) |
| Associés | Non | Oui | Oui (très souple) |
Étape 5 : Formalités et capital social
Une fois le statut choisi, la création concrète s’enclenche. Les formalités administratives valident l’existence légale de la structure.
- Rédaction des statuts : C’est la loi de votre société. Objet social, règles de majorité, pouvoirs… Une lecture attentive et une rédaction sur mesure évitent les conflits futurs.
- Dépôt du capital social : Vous déposez les apports en numéraire (argent) sur un compte bloqué. Le certificat de dépôt des fonds est indispensable. Notez qu’en SARL et SAS, 1 € suffit légalement, mais nous recommandons un montant cohérent avec vos besoins de démarrage pour crédibiliser le dossier bancaire.
- Publication de l’annonce légale : Pour informer les tiers de la naissance de la société.
- Immatriculation : Le dossier complet part au Guichet Unique. Vous obtenez votre Kbis en quelques jours.
Note Bpifrance : Si votre projet inclut de l’innovation, Bpifrance exigera souvent une structure de type société (SAS de préférence) pour débloquer des subventions ou des prêts d’amorçage.
Lancez-vous avec le bon partenaire
Le choix du statut juridique n’est pas un pari, c’est un calcul.
Vous hésitez encore entre la protection sociale de la SASU et l’optimisation des charges de l’EURL ? Vous ne savez pas si le régime micro suffit pour débuter ?
Chez Keobiz, nous transformons cette complexité en stratégie. Nous réalisons des simulations chiffrées précises : combien gagnerez-vous net en SARL vs SAS ? Quel impact sur vos impôts ?
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FAQ
Le statut influence-t-il l'aide de l'ADIE ?
L’Adie finance tous les statuts, y compris les micro-entrepreneurs. Le critère principal reste la personne et le projet, pas la forme juridique. Cependant, la responsabilité limitée d’une société (EURL/SASU) rassure parfois les créateurs aux revenus modestes.
Puis-je changer de statut plus tard ?
Oui, mais la transformation d’une société (ex: SARL vers SAS) engendre des frais juridiques (greffe, publicité, commissaire à la transformation). Passer de micro-entreprise à société est plus simple : vous fermez la micro et créez la société. Anticipez votre croissance pour éviter ces coûts.
Quel statut pour protéger mon conjoint ?
Si votre conjoint travaille avec vous, la SARL permet le statut de “conjoint collaborateur” (cotisations faibles, droits à la retraite). En SAS, il devra être associé ou salarié (coût plus élevé). Si votre conjoint ne travaille pas avec vous, tous les statuts à responsabilité limitée (EURL, SARL, SASU, SAS) protègent le patrimoine du ménage, sauf si vous vous portez caution personnelle.
Quid de la SNC (Société en Nom Collectif) ?
En SNC, les associés sont responsables indéfiniment et solidairement des dettes sur leurs biens personnels. De plus, les parts ne peuvent être cédées qu’à l’unanimité. C’est un statut risqué, à réserver à des professions réglementées ou des montages fiscaux spécifiques.



