Créé par la loi de modernisation de lâĂ©conomie en 2008, le statut dâauto-entrepreneur rencontre un grand succĂšs : fin juin 2023, lâUrssaf en dĂ©nombrait plus de 2,7 millions actifs en France. Vous souhaitez vous lancer dans lâentrepreneuriat en bĂ©nĂ©ficiant dâobligations administratives, fiscales et sociales allĂ©gĂ©es ? Vous envisagez de tester un marchĂ© en parallĂšle de votre activitĂ© principale, ou de devenir indĂ©pendant Ă plein temps en limitant les contraintes ? La micro-entreprise sâavĂšre particuliĂšrement intĂ©ressante Ă de nombreux Ă©gards. Quelles sont les caractĂ©ristiques du statut ? Quelles conditions faut-il remplir pour profiter de ses avantages ? Comment sâenregistrer comme auto-entrepreneur ? Keobiz vous propose un guide complet pour ĂȘtre incollable sur ce sujet en 2025.
La micro-entreprise est un rĂ©gime fiscal spĂ©cifique de lâentreprise individuelle, avec des obligations comptables, fiscales et sociales allĂ©gĂ©es, ainsi que des plafonds de chiffre dâaffaires Ă respecter.
Toute personne majeure ayant une adresse en France peut devenir micro-entrepreneur.
La plupart des activitĂ©s sont autorisĂ©es en micro-entreprise, Ă lâexception des professions rĂ©glementĂ©es, des professions soumises Ă une lĂ©gislation particuliĂšre, et de certaines activitĂ©s exclues du dispositif.
Plusieurs aides permettent de crĂ©er une micro-entreprise tout en continuant Ă toucher des revenus ou des allocations, ou en bĂ©nĂ©ficiant dâun capital de dĂ©part â comme lâACRE.
Les dĂ©marches de crĂ©ation, de modification ou de cessation se dĂ©roulent exclusivement en ligne, sur le Guichet unique de lâINPI. Câest lĂ quâil faut procĂ©der Ă lâimmatriculation de lâactivitĂ©.
Câest quoi, le statut dâauto-entrepreneur ?
Lâauto-entreprise nâest pas un statut juridique en tant que tel : il sâagit dâun rĂ©gime fiscal spĂ©cifique de lâentreprise individuelle, limitĂ© par des seuils de revenus (ceux du rĂ©gime dâimposition micro) et donnant lieu Ă des cotisations sociales rĂ©duites, calculĂ©es en fonction du chiffre dâaffaires gĂ©nĂ©rĂ© par lâactivitĂ©. Cette entreprise est rattachĂ©e Ă une personne physique et nâentraĂźne pas la crĂ©ation dâune personnalitĂ© juridique : voilĂ pourquoi il nâest pas possible de crĂ©er plusieurs entreprises individuelles, ce qui nâinterdit pas, en revanche, de proposer des prestations distinctes (en enregistrant plusieurs activitĂ©s) ou de cumuler des statuts diffĂ©rents (par exemple, micro-entreprise et SASU). Cela veut dire aussi quâil nây a pas de raison sociale, seulement le nom de lâentrepreneur (ce qui nâempĂȘche pas dâutiliser un nom commercial pour communiquer auprĂšs des prospects, clients et partenaires).
Ce statut offre de nombreux avantages Ă lâentrepreneur :
- Sa crĂ©ation administrative est rapide et trĂšs simple. Il est aussi trĂšs facile de mettre fin Ă lâactivitĂ© le cas Ă©chĂ©ant.
- Les obligations comptables, fiscales et sociales de lâentrepreneur sont allĂ©gĂ©es.
- Presque toutes les activités sont éligibles, à quelques exceptions prÚs.
- Le patrimoine personnel et le patrimoine professionnel sont sĂ©parĂ©s, depuis 2022 et la crĂ©ation dâun statut unique pour lâEI (en vertu de la disparition de lâEIRL). ConcrĂštement, cela veut dire quâen cas de difficultĂ©s financiĂšres, seul le patrimoine affectĂ© Ă lâactivitĂ© peut ĂȘtre saisi.
En contrepartie, il y a aussi des inconvĂ©nients Ă prendre en compte : les plafonds de chiffre dâaffaires, notamment, mais Ă©galement lâimpossibilitĂ© pour lâentrepreneur de sâassocier, de recruter, ou de dĂ©duire les frais professionnels des recettes pour le calcul de lâimpĂŽt.
Le patrimoine professionnel est composĂ© de tous les Ă©lĂ©ments affectĂ©s Ă la pratique de lâactivitĂ©, comme le local, le matĂ©riel utilisĂ© ou le compte bancaire professionnel. Tandis que le patrimoine personnel renvoie Ă tout ce qui nâest pas en lien avec lâactivité : biens immobiliers et mobiliers, comptes courants, livrets dâĂ©pargne, emprunts. La sĂ©paration des deux patrimoines protĂšge les biens personnels de lâentrepreneur lorsque lâactivitĂ© gĂ©nĂšre des dettes, mais attention : pas en cas de manquement aux obligations fiscales ou sociales !
Quels sont les plafonds de chiffre dâaffaires à respecter ?
Câest lâune des principales limites du statut : lâobligation faite Ă lâautoentrepreneur de respecter des plafonds de chiffre dâaffaires annuel, qui varient en fonction de la nature de lâactivitĂ©. Ce faisant, la micro-entreprise est plutĂŽt adaptĂ©e aux activitĂ©s qui gĂ©nĂšrent des revenus restreints. Lorsque lâentreprise se dĂ©veloppe, il peut sâavĂ©rer nĂ©cessaire dâopter pour dâautres formes juridiques mieux adaptĂ©es.
Voici les seuils à ne pas dépasser pour le micro-entrepreneur (ces seuils valent pour deux années consécutives) :
- 188 700 âŹÂ pour les activitĂ©s dâachat et de vente de marchandises, de denrĂ©es Ă emporter ou Ă consommer sur place, ou de fourniture de logement (tourisme classĂ© et chambre dâhĂŽtes, Ă lâexception des biens meublĂ©s qui font partie de la catĂ©gorie suivante).
- 77 700 âŹÂ pour les activitĂ©s de service qui relĂšvent de la catĂ©gorie des bĂ©nĂ©fices industriels et commerciaux (BIC) ou des bĂ©nĂ©fices non commerciaux (BNC), et pour les professions libĂ©rales non rĂ©glementĂ©es et celles qui relĂšvent de la Cipav.
En cas de dĂ©passement du seuil de chiffre dâaffaires pendant deux annĂ©es consĂ©cutives, vous basculez automatiquement dans le rĂ©gime de lâentreprise individuelle.
Quel régime fiscal pour le micro-entrepreneur ?
Le rĂ©gime dâimposition de la micro-entreprise se caractĂ©rise par sa grande simplicité : vous ĂȘtes soumis par dĂ©faut Ă lâimpĂŽt sur le revenu, celui-ci Ă©tant calculĂ© Ă partir du chiffre dâaffaires dĂ©clarĂ©, dans la limite des plafonds imposĂ©s. Deux possibilitĂ©s sâoffrent Ă vous : le prĂ©lĂšvement Ă la source et le versement de lâimpĂŽt en mĂȘme temps que les charges sociales, avec une mĂ©thode de calcul quelque peu diffĂ©rente en fonction du choix. Ă cela, il faut ajouter la CFE, et Ă©ventuellement la TVA.
Le prĂ©lĂšvement Ă la source de lâimpĂŽt sur le revenu
Il sâagit du rĂ©gime applicable par dĂ©faut aux auto-entrepreneurs. Pour calculer le revenu imposable, lâadministration fiscale tient compte du chiffre dâaffaires rĂ©alisĂ© sur lâannĂ©e, auquel elle applique un abattement forfaitaire. Ce dernier couvre les frais professionnels de lâentrepreneur qui, au rĂ©gime fiscal micro, ne peuvent pas ĂȘtre dĂ©duits des revenus. Son taux dĂ©pend de lâactivitĂ© exercĂ©e :
- 71 % pour les activités de ventes.
- 50 % pour les prestations de services artisanales et commerciales qui relÚvent des BIC, ainsi que pour les locations meublées.
- 34 % pour les activités libérales et de service qui relÚvent des BNC.
Lâabattement fiscal ne peut pas ĂȘtre infĂ©rieur Ă 305âŹ. Quel que soit le montant dĂ©clarĂ© aux impĂŽts sur lâannĂ©e, vous bĂ©nĂ©ficierez donc au minimum dâun abattement Ă©gal Ă 305 ⏠pour le calcul de votre revenu imposable.
Le bĂ©nĂ©fice imposable de lâentrepreneur, ainsi calculĂ©, vient sâajouter aux autres revenus du foyer fiscal. Lâadministration lui applique le barĂšme progressif de lâimpĂŽt sur le revenu, celui-ci Ă©tant prĂ©levĂ© Ă la source (donc chaque mois).
Tranches de revenus
Taux dâimposition
JusquâĂ 11 294 âŹ
0 %
De 11 295 ⏠à 28 797 âŹ
11 %
De 28 798 ⏠à 82 341 âŹ
30 %
De 82 342 ⏠à 177 106 âŹ
41 %
Au-delĂ de 177 106 âŹ
45 %
LâannĂ©e de dĂ©claration de dĂ©but dâactivitĂ©, il nây a aucun revenu Ă transmettre Ă lâadministration fiscale, donc pas de prĂ©lĂšvement Ă la source possible. Pour y remĂ©dier, vous pouvez : payer lâimpĂŽt dans son intĂ©gralitĂ© lâannĂ©e suivante, ou donner une estimation de votre chiffre dâaffaires afin dâadapter votre prĂ©lĂšvement mensuel (et ainsi Ă©viter un rattrapage fiscal trop lourd).
Le versement libératoire
Vous disposez dâune autre option pour remplir vos obligations fiscales comme entrepreneur : le versement libĂ©ratoire. LâimpĂŽt est alors calculĂ© en appliquant un taux fixe au chiffre dâaffaires, ce qui permet de le payer en mĂȘme temps que les cotisations sociales versĂ©es Ă lâUrssaf, lors des dĂ©clarations mensuelles ou trimestrielles. Ce taux varie en fonction de lâactivité :
- 1 % pour les activités de ventes et assimilées.
- 1,7 % pour les activités artisanales et commerciales qui relÚvent des BIC.
- 2,2 % pour les activités libérales qui relÚvent des BNC.
Mais cette option nâest accessible que sous conditions. Pour en bĂ©nĂ©ficier, il faut :
- Que le chiffre dâaffaires hors taxe de lâannĂ©e N-1 ne dĂ©passe pas les plafonds imposĂ©s par le rĂ©gime de la micro-entreprise.
- Que le revenu fiscal de rĂ©fĂ©rence du foyer fiscal de lâannĂ©e N-2 nâexcĂšde pas 26 070 ⏠par part de quotient familial (avec un seuil majorĂ© de 50 % par demi-part), donc Ă 52 140 ⏠pour un couple et Ă 65 175 ⏠pour un couple avec un enfant.
Le versement sâapplique sur demande du micro-entrepreneur, adressĂ©e Ă lâUrssaf au plus tard le 30 septembre pour une application lâannĂ©e suivante.
La CFE
La cotisation fonciĂšre des entreprises (CFE) constitue une autre charge fiscale applicable aux auto-entrepreneurs. Il sâagit dâun impĂŽt local payĂ© par toutes les entreprises françaises, lâĂ©quivalent de la taxe fonciĂšre pour les particuliers. Son montant varie en fonction du type de local utilisĂ© pour exercer lâactivitĂ©, de sa surface et de sa valeur locative, mais aussi du chiffre dâaffaires rĂ©alisĂ©. Pour la plupart des auto-entrepreneurs, ce montant oscille entre 150 ⏠et 700 ⏠par an.
En revanche, lâentrepreneur est exonĂ©rĂ© de CFE lâannĂ©e de la crĂ©ation de son activitĂ©, jusquâau 31 dĂ©cembre de lâannĂ©e en cours.
La CFE est due mĂȘme si vous exercez depuis votre domicile personnel ou en dĂ©placement chez vos clients. Dans les deux cas, câest votre rĂ©sidence principale qui est prise en compte pour le calcul. Son montant est alors dĂ©terminĂ© en fonction de la base imposable minimale votĂ©e par la commune, plafonnĂ©e en tenant compte du chiffre dâaffaires de lâannĂ©e N-2.
La TVA
En micro-entreprise, la TVA est une affaire complexe. Par dĂ©faut, vous bĂ©nĂ©ficiez de la franchise en base de TVA, ce qui signifie que vous nâavez pas Ă collecter ni Ă reverser cette taxe pour le compte de lâĂtat. Vos prix pratiquĂ©s sont donc sensiblement plus bas.Mais cet avantage est perdu dĂšs lors que vous dĂ©passez un seuil de chiffre dâaffaires imposĂ©, qui diffĂšre selon lâactivitĂ© (voir tableau). DĂšs le 1er jour du mois de dĂ©passement, vous devenez automatiquement redevable de la TVA et devez lâajouter Ă vos factures. En contrepartie, vous pouvez aussi dĂ©duire la TVA de vos propres achats, dĂšs lors quâils sont liĂ©s Ă votre activitĂ©.
CatĂ©gorie dâactivitĂ©
Seuil de franchise de TVA
Seuil de tolérance de TVA
Achat/vente de marchandises (BIC)
Vente de denrées à consommer sur place (BIC)
Fourniture de logement (BIC)
91 900 âŹ
101 000 âŹ
Prestations de services commerciales ou artisanales (BIC)
Activités libérales (BNC)
36 800 âŹ
39 100 âŹ
Avocat (activités réglementées)
47 700 âŹ
58 600 âŹ
Avocat (activités non réglementées)
19 600 âŹ
23 700 âŹ
(Si votre CA est compris entre le seuil de franchise et le seuil de tolĂ©rance pendant deux annĂ©es de suite, vous devenez redevable de la TVA dĂšs le 1er janvier de lâannĂ©e suivante. Si votre CA dĂ©passe le seuil de tolĂ©rance, vous en devenez redevable dĂšs le 1er jour du mois de dĂ©passement.)
Vous pouvez renoncer volontairement à la franchise de TVA, par exemple pour avoir la possibilité de la déduire des biens ou des services achetés dans le cadre de votre activité.
Quel régime social en micro-entreprise ?
Le rĂ©gime social de la micro-entreprise est lui aussi simplifiĂ©. ConcrĂštement, vous devez dĂ©clarer votre chiffre dâaffaires tous les mois ou trimestres auprĂšs de lâUrssaf (en fonction de lâoption choisie et en respectant la date dâexigibilitĂ©). Le montant des cotisations sociales est calculĂ© en appliquant un taux spĂ©cifique Ă la somme indiquĂ©e dans votre dĂ©claration.
Quels sont les taux Ă appliquer pour les cotisations sociales ?
- Achat/revente de marchandises : 12,3 %.
- Prestations de services commerciales et artisanales (BIC)Â : 21,2 %.
- Autres services (BNC)Â : 23,1 %*.
- Professions libérales qui relÚvent de la Cipav (BNC) : 23,2 %*.
- Location de meublés de tourisme classés : 6 %.
(* depuis le 1er juillet 2024)
Ă ces cotisations, il faut ajouter la contribution Ă la formation professionnelle, qui vous permet dâacquĂ©rir des droits Ă la formation. Le pourcentage sâapplique au montant annuel du CA :
- Pour une activité commerciale : 0,1 %.
- Pour une activité artisanale : 0,3 %.
- Pour une activité libérale : 0,2 %.
En lâabsence de chiffre dâaffaires sur le mois ou sur le trimestre, vous devez tout de mĂȘme remplir une dĂ©claration Ă hauteur de 0 âŹ. Vous nâaurez pas Ă verser de cotisations sociales.
Ces charges financent votre protection sociale de micro-entrepreneur affiliĂ© Ă la SĂ©curitĂ© sociale des indĂ©pendants, elle-mĂȘme rattachĂ©e au rĂ©gime gĂ©nĂ©ral depuis 2020. Elles couvrent lâassurance maladie, le congĂ© maternitĂ©, lâassurance invaliditĂ© et la retraite. Dans le mĂȘme temps, vous cumulez des points pour la retraite complĂ©mentaire auprĂšs du RCI (retraite complĂ©mentaire unique) ou auprĂšs de la Caisse nationale dâassurance vieillesse des professions libĂ©rales (CNAVPL).
Lâauto-entrepreneur ne cotise pas pour le chĂŽmage. En cas de cessation dâactivitĂ©, vous nâavez pas le droit aux allocations chĂŽmage. Il existe toutefois une aide de remplacement : lâallocation des travailleurs indĂ©pendants (ATI).
Quelles sont les conditions à remplir pour ouvrir une micro-entreprise ?
Vous connaissez dĂ©sormais les caractĂ©ristiques du rĂ©gime micro, ses avantages ainsi que ses limites. Il est temps de passer aux choses sĂ©rieuses : la crĂ©ation de lâentreprise en elle-mĂȘme. Pour cela, vous devez tenir compte des conditions Ă respecter et de la liste des activitĂ©s Ă©ligibles.
Les conditions concernant lâentrepreneur
Pour crĂ©er une micro-entreprise, vous devez :Â
- Ătre une personne physique.
- Ătre majeur ou mineur Ă©mancipé : il est possible, en effet, de crĂ©er une micro-entreprise comme mineur, Ă partir de 16 ans. Toutefois, cela nĂ©cessite une bonne comprĂ©hension du statut juridique.
- Nâavoir pas dâactivitĂ© de travailleur non salariĂ© par ailleurs.
- Domicilier votre entreprise en France.
- Exercer une activité professionnelle éligible (voir plus bas).
- Et respecter les obligations liĂ©es au statut dâauto-entrepreneur (dĂ©clarer vos revenus et verser des cotisations sociales).
Vous ĂȘtes en droit dâexercer une activitĂ© secondaire comme micro-entrepreneur tout en pratiquant une activitĂ© principale. Cumuler plusieurs statuts vous permet ainsi dâavoir une micro-entreprise tout en Ă©tant :
- SalariĂ© (sauf interdiction expresse dans le contrat de travail : vĂ©rifiez sâil existe une clause de non-concurrence).
- Fonctionnaire (à condition de demander une autorisation de travail à temps partiel à votre autorité hiérarchique).
- Ătudiant majeur.
- Demandeur dâemploi (en cumulant revenus dâactivitĂ© et allocations chĂŽmage).
- Chef dâentreprise (Ă condition dâĂȘtre assimilĂ© salariĂ©, par exemple en tant que prĂ©sident de SASU ou de SAS, ou en tant que gĂ©rant minoritaire ou Ă©galitaire de SARL).
- Retraité (en bénéficiant du cumul emploi-retraite).
Le statut est ouvert aux étrangers sous conditions.
- Pour les ressortissants dâun pays membre de lâUnion europĂ©enne, dâun Ătat de lâEspace Ă©conomique europĂ©en, ou de Suisse, les dĂ©marches sont les mĂȘmes que pour les citoyens français.
- Pour les ressortissants des autres pays, il faut rĂ©sider en France et disposer dâun titre de sĂ©jour, ou bien disposer au minimum dâune adresse sur le territoire français afin de domicilier lâentreprise.
Les conditions relatives Ă lâactivitĂ© exercĂ©e par lâentrepreneur
La plupart des activitĂ©s sont autorisĂ©es en micro-entreprise, quâelles soient commerciales, artisanales ou libĂ©rales. Elles peuvent ĂȘtre exercĂ©es sans dĂ©tenir de diplĂŽme ou de qualification particuliĂšre. Mais il y a trois exceptions Ă connaĂźtre :
- Les professions rĂ©glementĂ©es, dont lâexercice est soumis Ă autorisation, dĂ©claration ou dĂ©tention dâun diplĂŽme, ou dont lâaccĂšs est restreint. Câest le cas notamment des professions libĂ©rales rĂ©glementĂ©es, parmi lesquelles celles dâexpert-comptable, dâinfirmier libĂ©ral, de gĂ©omĂštre ou de commissaire de justice. La liste des activitĂ©s rĂ©glementĂ©es se trouve ici : https://www.inpi.fr/annuaire-activites-professions-reglementees.
- Les professions soumises Ă une lĂ©gislation particuliĂšre, comme le bĂątiment et la construction, la vente de produits alimentaires, la plomberie, lâĂ©lectricitĂ©, la coiffure ou les soins esthĂ©tiques. Par exemple, un plombier doit justifier dâun diplĂŽme, dâun titre homologuĂ© ou de 3 ans dâexpĂ©rience professionnelle pour pouvoir exercer sous le rĂ©gime de lâauto-entreprise.
- Les activitĂ©s quâil est interdit dâexercer en micro-entreprise : notaire, mĂ©decin, avocat et agent immobilier.
Il est possible dâexercer plusieurs activitĂ©s au sein de la mĂȘme micro-entreprise : il faut prĂ©ciser dans les statuts lâactivitĂ© principale et les activitĂ©s secondaires. Le seuil de chiffre dâaffaires global reste toutefois identique : il ne se cumule pas.
Les aides financiĂšres
Il nâest pas toujours aisĂ© de se lancer dans le grand bain de lâentrepreneuriat. Sur le plan financier, câest un projet Ă prĂ©parer avec soin, notamment en bĂ©nĂ©ficiant des aides de lâĂtat. Ces aides permettent Ă lâentrepreneur de disposer de lâapport de base ou de pouvoir compter sur une trĂ©sorerie sĂ©curisante durant les premiers temps. Voici les plus importantes :
- La prime dâactivité : une prestation sociale destinĂ©e Ă complĂ©ter les revenus des travailleurs modestes, y compris des indĂ©pendants sous conditions.
- LâACRE (aide aux crĂ©ateurs et repreneurs dâentreprise) : une exonĂ©ration totale ou partielle de charges sociales, jusquâĂ 12 mois.
- LâARE (aide au retour Ă lâemploi), une aide qui permet de cumuler revenus dâactivitĂ© et allocations chĂŽmage.
- LâARCE (aide Ă la crĂ©ation ou Ă la reprise dâune entreprise), une aide qui permet de remplacer les allocations versĂ©es mensuellement par un capital versĂ© en deux fois, Ă condition que cette somme soit injectĂ©e dans le projet de crĂ©ation dâentreprise.
Il existe Ă©galement des aides rĂ©servĂ©es aux femmes entrepreneuses, Ă lâimage du prĂȘt dâhonneur et du programme Womâernergy mis en place par le RĂ©seau Entreprendre, ainsi que des aides publiques rĂ©gionales.
Notez que la prime PPV, destinĂ©e exclusivement aux salariĂ©s en entreprise, pourrait bientĂŽt inclure les travailleurs indĂ©pendants. Cette prime permet de bĂ©nĂ©ficier dâune exonĂ©ration de cotisations sociales.
Le NACRE (nouvel accompagnement Ă la crĂ©ation ou la reprise dâentreprise) nâest pas une aide financiĂšre Ă proprement parler, mais une assistance en trois points : une aide Ă la structuration financiĂšre (avec la possibilitĂ© de bĂ©nĂ©ficier dâun prĂȘt Ă taux zĂ©ro), une aide au montage du dossier de crĂ©ation dâentreprise, et un support technique lors du dĂ©marrage et tout au long du dĂ©veloppement de lâactivitĂ©.
Quelles sont les démarches pour créer une auto-entreprise ?
Les dĂ©marches pour crĂ©er votre entreprise au rĂ©gime micro sont trĂšs simples. Depuis le 1er janvier 2023, la voie dĂ©matĂ©rialisĂ©e est obligatoire pour effectuer toutes les formalitĂ©s dâentreprise (crĂ©ation ou cessation, notamment) : il suffit de se rendre sur le Guichet unique de lâINPI Ă cette adresse : https://procedures.inpi.fr/, de complĂ©ter le formulaire en ligne, et de transmettre les piĂšces justificatives. Voici les grandes Ă©tapes Ă suivre.
La procĂ©dure de dĂ©claration de lâactivitĂ© est entiĂšrement gratuite.
Lâimmatriculation de lâactivitĂ©
Sur le Guichet unique de lâINPI, il vous faut dĂ©clarer la crĂ©ation de votre activitĂ© si vous nâĂȘtes pas encore immatriculĂ© en tant quâentrepreneur individuel. Ă cette occasion, vous devez :
- Indiquer la nature de lâactivitĂ© souhaitĂ©e.
- Fournir vos informations personnelles.
- Donner lâadresse de domiciliation de lâentreprise : il peut sâagir de votre adresse personnelle, dâun local dĂ©diĂ©, dâun cabinet, dâune pĂ©piniĂšre dâentreprises, dâun espace de coworking, ou encore dâune adresse fournie par une sociĂ©tĂ© de domiciliation.
- Compléter le volet social et fiscal.
- Transmettre une piĂšce dâidentitĂ© valide.
- Fournir un document vous autorisant Ă exercer lâactivitĂ© rĂ©glementĂ©e voulue, le cas Ă©chĂ©ant (diplĂŽme, attestation de formation, autorisation, demande dâagrĂ©ment ou autre).
Vous pouvez aussi choisir un nom commercial ou professionnel pour votre entreprise : la raison sociale, elle, doit obligatoirement rester votre nom de famille. Enfin, notez quâune Ă©ventuelle demande dâACRE doit ĂȘtre formulĂ©e au moment de la crĂ©ation de lâactivitĂ© dâentrepreneur.
Les professionnels libĂ©raux peuvent effectuer leurs dĂ©marches de crĂ©ation directement auprĂšs de lâUrssaf, sur le site www.autoentrepreneur.urssaf.fr.
La réception des documents
Dans un dĂ©lai de 15 jours en moyenne aprĂšs la dĂ©claration de lâactivitĂ©, vous recevez un numĂ©ro Siret dĂ©diĂ© Ă votre activitĂ© dâentrepreneur. Fourni par lâInsee, ce numĂ©ro est composĂ© de 14 chiffres :
- Les 9 premiers correspondent au Siren (systĂšme dâidentification du rĂ©pertoire des entreprises) et identifient lâentreprise comme entitĂ©.
- Les 5 derniers correspondent au Nic (numĂ©ro interne de classement) et sont propres Ă chaque Ă©tablissement de lâentreprise.
Dans un dĂ©lai de 4 Ă 10 semaines, vous recevez Ă©galement une notification dâaffiliation en tant que travailleur indĂ©pendant. Câest ce qui vous donne droit Ă la protection sociale, mais aussi ce qui vous engage Ă verser vos charges sociales dâentrepreneur.
La crĂ©ation de lâespace Urssaf
Dans la foulĂ©e de votre dĂ©claration, vous devez aussi crĂ©er votre espace en ligne dâentrepreneur sur le site de lâUrssaf. Une fois votre notification dâaffiliation reçue, vous pourrez utiliser votre espace digital pour :
- DĂ©clarer votre chiffre dâaffaires.
- Payer vos cotisations en ligne.
- Consulter le calendrier des déclarations.
- Consulter lâhistorique de vos dĂ©clarations et de vos paiements.
- Communiquer avec les conseillers de lâUrssaf.
- Demander et télécharger des attestations.
Une fois ces dĂ©marches effectuĂ©es, vous pouvez commencer Ă Ă©mettre des factures. Celles-ci doivent indiquer votre numĂ©ro Siret et votre adresse de domiciliation dâentreprise.
Quelles charges faut-il prévoir pour se lancer comme indépendant ?
En tant quâentrepreneur indĂ©pendant, vous ĂȘtes redevable de charges sociales et fiscales relatives Ă votre entreprise. Mais ce nâest pas tout : vous devez Ă©galement anticiper les nombreuses charges liĂ©es Ă lâexercice de votre activité : tout ce que lâon peut qualifier de frais professionnels.
Les frais dâassurance
Le micro-entrepreneur est responsable de ses actes professionnels, contrairement aux salariĂ©s. Pour cette raison, la souscription dâune assurance est imposĂ©e par la loi pour certaines professions, par exemple la garantie dĂ©cennale obligatoire pour les entreprises du bĂątiment et pour les plombiers, ou lâassurance auto professionnelle pour les conducteurs de vĂ©hicules. Elle peut aussi rĂ©sulter des rĂšgles qui encadrent lâactivité : câest le cas pour les agences de voyage, les administrateurs de biens ou les diagnostiqueurs immobiliers. Enfin, lâassurance responsabilitĂ© civile professionnelle est indispensable pour une activitĂ© rĂ©glementĂ©e.
MĂȘme si votre activitĂ© dâentrepreneur ne vous lâimpose pas, il est prĂ©fĂ©rable de souscrire une assurance adaptĂ©e afin de couvrir vos risques professionnels (vous pourriez provoquer un accident chez un client ou vous blesser durant une intervention), mais aussi pour mieux vous protĂ©ger Ă titre personnel (mutuelle ou prĂ©voyance santĂ©).
Les frais bancaires
Dans la plupart des cas, les frais bancaires sont restreints puisque les auto-entrepreneurs nâont pas lâobligation dâouvrir un compte professionnel : il leur suffit de disposer dâun compte courant classique dĂ©diĂ© Ă leur activitĂ©, et seulement sâils dĂ©passent 10 000 ⏠de chiffre dâaffaires deux annĂ©es de suite. Les frais de tenue de compte sâĂ©lĂšvent en moyenne Ă 30 ⏠par an pour les banques traditionnelles ; ils sont gĂ©nĂ©ralement gratuits pour les banques en ligne.
Les charges courantes de lâentrepreneur
Dans le cadre de votre activité, vous aurez à prévoir de nombreux postes de dépenses pour la gestion et le développement de votre micro-entreprise :
- Les investissements de départ : achat du matériel indispensable, acquisition du mobilier et des équipements, création de votre identité visuelle et de votre site internet.
- Les frais immobiliers : location de bureaux, dâun local commercial ou dâespace de coworking, ou bien tous les coĂ»ts liĂ©s Ă votre rĂ©sidence principale (si votre entreprise y est domiciliĂ©e). Ă cela, il faut ajouter les charges fixes, notamment pour les consommations dâeau et dâĂ©lectricitĂ©.
- Lâachat ou la location dâun vĂ©hicule pour vos dĂ©placements professionnels.
- La communication et la publicitĂ© pour vous faire connaĂźtre en tant quâentrepreneur et trouver des clients.
- Lâachat des marchandises et des matiĂšres premiĂšres.
- Les frais logistiques, par exemple pour lâemballage et lâexpĂ©dition des marchandises.
- Les abonnements : téléphone, Internet, logiciel de facturation, applications web, adhésion à un syndicat (comme la Fédération nationale des auto-entrepreneurs).
En micro-entreprise, il nâest pas possible de dĂ©duire les charges rĂ©elles du chiffre dâaffaires. Au rĂ©gime micro, ces charges sont couvertes par lâabattement forfaitaire automatique, dont le taux varie en fonction de lâactivitĂ©. ConsĂ©quemment, vos charges et vos impĂŽts sont calculĂ©s sur votre chiffre dâaffaires, et non sur votre bĂ©nĂ©fice. Il est donc important de lister toutes vos charges et dâĂ©valuer leur poids sur les finances de votre entreprise : le cas Ă©chĂ©ant, il peut sâavĂ©rer plus intĂ©ressant dâopter pour une autre forme juridique.
Comment fermer une micro-entreprise ?
Si vous souhaitez mettre fin Ă votre activitĂ©, vous devez effectuer de nouvelles formalitĂ©s. La dĂ©claration de cessation doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e dans les 30 jours qui suivent la fin effective de lâactivitĂ©. Il sâagit de :
- Remplir un formulaire de clĂŽture sur le site de lâINPI.
- Joindre la copie dâune piĂšce dâidentitĂ©.
Cette procĂ©dure entraĂźne la radiation dĂ©finitive de votre entreprise sur le Registre du commerce et des sociĂ©tĂ©s, sur le Registre national des entreprises, sur le RĂ©pertoire Sirene, sur les Fichiers des affiliĂ©s professionnels aux organismes sociaux, et sur les Fichiers des professionnels actifs gĂ©rĂ©s par lâadministration fiscale.
Par la suite, vous devez encore :
- PrĂ©venir votre centre des impĂŽts dans les 45 jours, et dĂ©poser une dĂ©claration complĂ©mentaire de revenus n°2042-C Pro en indiquant le chiffre dâaffaires rĂ©alisĂ© jusquâĂ la date de cessation.
- DĂ©clarer et acquitter votre TVA pour le mois en cours, si vous y ĂȘtes assujetti.
- DĂ©clarer Ă lâUrssaf vos revenus pour lâannĂ©e en cours et pour lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente, dans un dĂ©lai de 90 jours. Vos charges peuvent faire lâobjet dâune rĂ©gularisation.
- RĂ©gler la CFE pour lâannĂ©e entiĂšre (mĂȘme en cas de cessation en cours dâannĂ©e), sachant quâil est possible de demander Ă ce quâelle soit rĂ©duite au prorata des mois dâactivitĂ©.
Désormais, vous savez tout sur le statut de micro-entrepreneur et sur les démarches à effectuer pour lancer votre activité.
FAQ
Comment devenir auto-entrepreneur ?
La dĂ©claration dâactivitĂ© en micro-entreprise se fait sur le site de lâINPI, via le guichet unique des formalitĂ©s des entreprises. Il suffit de remplir un formulaire en indiquant lâactivitĂ© souhaitĂ©e, vos informations personnelles, lâadresse de domiciliation de votre entreprise, vos choix fiscaux et sociaux, et Ă©ventuellement dâenvoyer des documents qui justifient de votre qualification professionnelle. La procĂ©dure est gratuite.
Quelles sont les charges Ă payer en micro-entreprise ?
Diverses charges sont à prévoir en micro-entreprise :
- Les charges sociales versĂ©es Ă lâUrssaf, et calculĂ©es en fonction du chiffre dâaffaires rĂ©alisĂ©. On y ajoute la contribution Ă la formation professionnelle.
- La CFE, qui est un impĂŽt local.
- LâimpĂŽt sur le revenu, calculĂ© sur le bĂ©nĂ©fice imposable de lâentrepreneur.
- Les charges liĂ©es Ă lâactivité : achat de fournitures, location dâun local, frais dâassurance et bien dâautres.
Peut-on déduire ses charges en auto-entreprise ?
La dĂ©duction des charges rĂ©elles nâest pas autorisĂ©e au rĂ©gime micro. Le bĂ©nĂ©fice imposable est calculĂ© aprĂšs lâapplication par lâadministration fiscale dâun abattement forfaitaire (entre 34 et 71 % suivant lâactivitĂ©) censĂ© couvrir les frais professionnels.