Pour devenir maraîcher indépendant, vous devez maîtriser aussi bien les techniques agricoles que la gestion d’entreprise.
Le BPREA (Brevet professionnel responsable d’entreprise agricole) est la formation à privilégier pour s’installer en tant que chef d’exploitation et bénéficier des aides de l’État.
Pour travailler dans le maraîchage, vous pouvez choisir entre plusieurs spécialisations, dont le bio, très prisé des consommateurs.
Si vous pouvez débuter sous le statut d’agriculteur à titre secondaire (sous conditions), vous devrez créer une entreprise si votre activité se développe.
De nombreuses aides existent pour financer votre projet, notamment en agriculture biologique.
Plusieurs étapes sont nécessaires pour formaliser votre activité : étude de marché, immatriculation au guichet unique, affiliation MSA, etc.
Le métier de maraîcher·ère attire de plus en plus de Français. Dans les territoires ruraux comme en périphérie des villes, les régions voient naître des projets portés par de nouveaux agriculteurs, soucieux de la nature et de la biodiversité. Quel que soit votre projet : produire des fruits et légumes sur les principes de la permaculture, de l’agriculture biologique ou du maraîchage traditionnel, se lancer dans une activité agricole nécessite de la préparation. Entre la connaissance des variétés, le respect des sols, la maîtrise de l’irrigation, l’obtention d’un BPREA est un plus. Comment devenir maraîcher sans diplôme ? Quels investissements prévoir ? Quels organismes peuvent vous aider à financer votre projet ? Quel statut juridique choisir pour vendre vos productions agricoles ? Keobiz répond à toutes vos questions et vous guide étape par étape pour faire de votre projet un modèle de rentabilité et de réussite !
Le métier de maraîcher : ses exigences et les compétences requises
Devenir maraîcher, c’est bien plus que cultiver des légumes ou des fruits. C’est une profession exigeante, qui demande une bonne condition physique, de la rigueur et un réel sens de l’organisation. Vous devez être capable de planifier les semis, d’adapter les cultures aux saisons, d’optimiser l’irrigation, de gérer les ravageurs, et de respecter l’équilibre naturel des sols. En parallèle, il faut savoir vendre sa production, fidéliser ses clients, et parfois même animer un point de vente.
La maîtrise des techniques agricoles (désherbage, fertilisation, rotation des cultures) est indispensable, tout comme la connaissance des normes sanitaires et de sécurité. Un bon maraîcher est aussi un entrepreneur : il doit gérer son budget, prévoir les aléas climatiques et anticiper ses investissements.
Les formations pour devenir maraîcher
Si aucun diplôme n’est exigé pour se lancer dans le maraîchage, une formation reste fortement recommandée pour acquérir les bases du métier et les compétences techniques.
Voici quelques parcours possibles pour devenir maraîcher :
- CAP agricole métiers de l’agriculture.
- Bac pro floral, légumier et horticole ou conduite de productions horticoles.
- Bac pro conduite de productions horticoles.
- BPA travaux des productions horticoles spécialité horticulture ornementale et légumière.
- BP responsable de productions légumières, fruitières, florales et pépinières.
- BTSA métiers du végétal : alimentation, ornement et environnement.
Pour gérer votre propre exploitation et devenir maraîcher indépendant, la voie royale est de passer le BPREA (Brevet professionnel responsable d’entreprise agricole). Cette formation à la gestion d’entreprise de niveau IV s’effectue en deux ans. Elle est parfaitement adaptée à une reconversion professionnelle. Les futurs agriculteurs apprennent à optimiser la rentabilité et la réussite de leur exploitation, combiner les différentes activités du métier, prévoir les investissements, tenir une comptabilité, etc. Elle permet également d’obtenir la capacité professionnelle agricole, obligatoire pour bénéficier des aides de l’État.
Vous souhaitez devenir maraîcher sans diplôme et vous n’avez ni la capacité professionnelle ni d’expérience agricole ? Dans ce cas-là, vous devez obtenir une autorisation d’exploiter auprès de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM). Deux autres conditions imposent l’obtention de cette autorisation :
- Si la surface de votre exploitation dépasse le seuil fixé par le schéma directeur régional des exploitations agricoles, ou si votre installation réduit une exploitation existante en dessous de ce seuil.
- Si vous avez un autre emploi ou une autre activité et que vos revenus extra-agricoles dépassent le plafond légal.
Les différentes spécialisations dans le maraîchage et leurs réglementations
Le maraîchage englobe plusieurs types de techniques de production, chaque technique faisant l’objet d’une réglementation bien spécifique.
Le maraîchage conventionnel
Le maraîchage conventionnel repose sur des méthodes intensives de production, souvent mécanisées et utilisant des intrants chimiques (engrais de synthèse, traitements phytosanitaires). Les cultures peuvent être réalisées en pleine terre, sous serre, parfois en culture hors-sol, avec des exploitations qui atteignent des dimensions industrielles.
Le maraîchage raisonné
Compromis entre les techniques traditionnelles et l’agriculture biologique, cette méthode privilégie une utilisation minimale d’intrants et un usage économe des ressources en eau. L’approche donne lieu à une certification attribuée pour 5 ans.
Le maraîchage bio
Cette technique exclut l’usage des produits chimiques de synthèse. Il repose sur des pratiques respectueuses de la nature : compostage, rotation des cultures, lutte biologique contre les maladies, utilisation de variétés locales et adaptées, etc. Modèle très rentable et de plus en plus privilégié par les consommateurs, il nécessite l’obtention d’une certification auprès d’un organisme agréé comme AFNOR Certification, AVPI, Ecocert France, etc.
Le maraîchage en permaculture et sur sol vivant
En permaculture, le maraîcher s’interdit tout pesticide et engrais chimique. Il mise sur le compost, cultive en « sol vivant », favorise les variétés anciennes, la diversité des plantes et leurs associations favorables. Il produit généralement ses propres semences.
La culture sur sol vivant est une émanation de la permaculture. Cette technique consiste à ne jamais retourner la terre, à couvrir les sols en permanence (paillage, engrais verts) et à favoriser l’activité biologique.
Ces pratiques ne sont pas encadrées par une réglementation officielle, sauf si elles s’intègrent dans un cahier des charges bio.
L’agriculture urbaine, l’aquaponie et l’hydroponie
De plus en plus de projets de culture urbaine émergent en toiture, en containers ou dans des serres verticales. Ils utilisent souvent des techniques comme l’hydroponie (culture hors-sol sur substrat enrichi) ou l’aquaponie (association de la culture de légumes et de l’élevage de poissons).
En France, ils ne sont pas éligibles à la certification bio, sauf exception (sol vivant, substrats naturels, etc.). Ils doivent toutefois se conformer au Code rural et aux obligations de sécurité alimentaire.
Selon la spécialisation choisie, vous devrez respecter certaines normes, notamment pour la vente de produits alimentaires. L’étiquetage, la traçabilité et les règles d’hygiène en vente directe sont des obligations légales.
Quel statut juridique choisir pour devenir maraîcher indépendant ?
Le statut de micro-entrepreneur (auto-entrepreneur) n’est pas compatible avec les activités agricoles qui dépendent du régime social de la MSA. Par contre, vous pouvez choisir d’exercer en votre nom propre, sous le statut d’agriculteur à titre secondaire. Attribué aux exploitants non-salariés agricoles affiliés à la mutualité sociale agricole (MSA), ce statut s’obtient en remplissant l’un des trois critères de l’activité minimale d’assujettissement (AMA) suivants :
- Exploiter une superficie supérieure ou égale à la surface minimale d’assujettissement (SMA). La SMA est fixée par arrêté préfectoral et varie selon les départements.
- Le temps de travail consacré à l’entreprise agricole doit être au minimum de 1 200 heures annuelles, si la superficie de votre exploitation est inférieure à la SMA.
- Dégager un revenu annuel supérieur ou égal à 800 SMIC horaires.
Si votre activité se développe, vous devrez toutefois créer votre entreprise et choisir sa forme juridique. Ce choix est déterminant, car il influence votre future fiscalité, mais aussi votre niveau de protection sociale.
Créer une entreprise individuelle
L’entreprise individuelle convient aux maraîchers qui s’installent seuls, ou en collaboration avec des membres de leur famille. Ces derniers peuvent bénéficier d’un statut adapté : co-exploitant, conjoint collaborateur ou aidant familial.
Ce statut offre une création simplifiée, sans capital social. Le patrimoine personnel et le patrimoine professionnel de l’exploitant sont séparés. Cela renforce sa protection en cas de difficultés financières. La fiscalité est également souple, avec la possibilité d’opter pour l’impôt sur le revenu ou, dans certains cas, l’impôt sur les sociétés.
Créer une entreprise sociétaire
Pour des projets plus ambitieux ou à plusieurs, il est conseillé de créer une société agricole ou commerciale.
Si vous vous lancez seul, deux options sont possibles :
- EURL (entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée) : adaptée aux exploitants souhaitant limiter leur responsabilité tout en gardant un fonctionnement simple.
- SASU (société par actions simplifiée unipersonnelle) : plus flexible sur le plan statutaire, elle est souvent choisie pour sa souplesse de gestion et la possibilité de se verser des dividendes.
Pour les projets collectifs (hors membres de la famille), vous pouvez vous orienter vers les sociétés civiles agricoles telles que :
- GAEC (groupement agricole d’exploitation en commun) : structure solidaire qui met tous les associés sur un pied d’égalité, avec reconnaissance agricole officielle.
- EARL (exploitation agricole à responsabilité limitée) : permet d’associer jusqu’à 10 personnes, avec responsabilité limitée aux apports.
- SCEA (société civile d’exploitation agricole) : plus souple, elle ne requiert aucun capital social minimum.
Si vous souhaitez développer une activité commerciale autre qu’agricole, optez pour une société commerciale de type SARL, SAS, SA ou SNC (société en nom collectif).
Enfin, dernière option : la coopérative agricole (SCA). Cette forme juridique permet aux producteurs de mutualiser leurs moyens de production, leurs locaux, les achats, mais aussi les savoir-faire et les connaissances.
Comment devenir maraîcher : les étapes clés
Devenir chef d’exploitation d’une production maraîchère rentable demande de l’organisation. Voici, étape par étape, le parcours à suivre pour transformer votre idée en une activité pérenne et structurée.
Se positionner sur un concept précis
Nous l’avons vu, le maraîchage peut prendre plusieurs formes (bio, raisonné, intensif, en permaculture, etc.). Commencez par définir votre approche et affinez-la pour vous démarquer de vos concurrents. Souhaitez-vous produire localement en vente directe ? Privilégier les circuits courts ? Cibler des marchés bio ou spécialisés ?
Mettez en avant vos valeurs et vos méthodes de culture. Par exemple, vous pourriez vous positionner sur la culture de variétés de fruits et légumes anciens, ouvrir une ferme pédagogique ou encore remplacer vos tracteurs et outils mécaniques par des méthodes alternatives comme le travail avec cheval de trait, le non-labour, ou encore le zéro plastique.
Évaluer les coûts d’installation
Tous les maraîchers débutants n’ont pas la chance de reprendre la ferme familiale. Si vous devez créer votre propre exploitation maraîchère de A à Z, les investissements sont importants.
- L’acquisition ou la location de terres agricoles.
- Le matériel de culture (serres, tunnels, outils manuels ou motorisés).
- Le système d’irrigation.
- L’achat de semences, substrats, compost, etc.
- Un local de stockage ou un abri de conditionnement.
- Un véhicule pour livrer vos produits ou faire les marchés.
Pour une installation de taille moyenne (1 à 2 hectares en bio), prévoyez un budget allant de 20 000 à 80 000 € (hors foncier et sans le salaire de la main-d’œuvre).
Si vous n’avez pas les moyens d’acheter des terres, il existe des alternatives. Le bail rural, par exemple, permet de louer un terrain agricole à long terme avec des conditions avantageuses. Il est aussi possible de partager des terres via des projets coopératifs ou de s’installer sur une ferme existante en tant que cotisant solidaire ou associé.
Réaliser une étude de marché et un business plan
L’étude de marché est une étape essentielle pour s’assurer de la viabilité de votre projet et identifier les opportunités présentes dans votre zone d’implantation.
Votre analyse de terrain doit reposer sur trois points clés :
- La demande locale : clients particuliers, restaurants, magasins bio, cantines scolaires, etc.
- Les attentes de votre clientèle cible : produits bio, petits prix, variétés locales, circuits courts, etc.
- La concurrence : quelles sont les structures avoisinantes (grosses exploitations, petites fermes familiales, etc.) ? Quels produits proposent-elles, à quel prix et comment (vente directe, marchés, AMAP, coopérative de producteurs, site e-commerce, etc.) ?
Une fois toutes ces informations compilées dans votre étude, rédigez votre business plan. Véritable feuille de route de votre projet, il doit être clair et convaincant pour attirer d’éventuels investisseurs.
Travaillez la présentation de votre future exploitation maraîchère. Expliquez vos choix, vos valeurs, votre stratégie de développement (vos objectifs à court, moyen et long terme), etc. Intégrez au document : un prévisionnel de votre chiffre d’affaires, un plan de financement, sans oublier votre stratégie marketing.
Mobiliser toutes les aides et financements possibles
Pour faire face à de lourds investissements, il existe heureusement différentes aides à la création d’entreprise agricole. Surtout si vous souhaitez devenir maraîcher bio.
- Les aides à l’agriculture bio : aide à la conversion (État), crédit d’impôt, aide à la certification, aux investissements ou à l’installation (région ou département).
- La dotation jeune agriculteur et la dotation nouvel agriculteur (uniquement dans certaines régions). Leurs montants varient d’une région à l’autre, dans la limite de 100 000 euros.
- L’aide à la reprise ou la création d’entreprise (Arce) pour les demandeurs d’emploi.
- Les emprunts : emprunts familiaux, prêts bancaires, prêts d’honneur, crédits bonifiés, etc.
- Le fonds de garantie Égalité Femmes pour aider les entrepreneuses à devenir maraîchère à leur compte.
- Les plateformes de financement participatif : MiiMOSA, AgriLend, etc.
Immatriculer son entreprise via le guichet unique
Toute déclaration d’entreprise, agricole ou non, s’effectue sur le guichet unique de l’INPI. Une fois inscrit, vous serez automatiquement enregistré au Registre national des entreprises (RNE).
Si vous décidez de créer une société, plusieurs formalités sont nécessaires avant l’immatriculation :
- Rédaction des statuts.
- Dépôt du capital social sur un compte bancaire professionnel.
- Publication d’un avis de constitution au journal d’annonces légales.
Dans tous les cas, vous recevrez ensuite votre numéro SIRET. Ce numéro officialise la création de votre entreprise et vous permet de commencer votre activité légalement.
S’inscrire à la Mutualité sociale agricole (MSA)
Dès que vous démarrez une activité agricole à titre principal ou secondaire, vous devez vous affilier à la MSA. Cette inscription vous permet d’acquérir des droits sociaux et de bénéficier de la sécurité sociale agricole (maladie, retraite, maternité, accident du travail).
La MSA propose aussi des services d’accompagnement et des outils de gestion pour les exploitants agricoles.
Obtenir les autorisations nécessaires pour exercer
Enfin, selon votre projet et votre mode d’activité, plusieurs démarches sont à prévoir :
- La certification bio : la demande s’effectue auprès de l’Agence BIO.
- La certification Haute Valeur Environnementale (HVE) : destinée aux exploitations engagées dans les pratiques respectueuses de l’environnement, elle s’obtient auprès d’un organisme certificateur agréé.
- La carte de commerçant ambulant : obligatoire pour une vente sur les marchés en dehors de votre commune. La demande se fait auprès de votre mairie.
Devenir maraîcher, c’est choisir un métier passion. Mais c’est aussi un projet qui se prépare minutieusement. Pour maximiser vos chances de réussite, n’hésitez pas à vous faire accompagner par des professionnels expérimentés. Chez Keobiz, nos experts-comptables vous proposent un accompagnement sur mesure pour créer votre entreprise agricole, choisir le bon statut juridique, gérer vos obligations fiscales et sociales, et structurer un modèle économique viable. Pensez-y !
FAQ :
Est-il possible de devenir maraîcher sans diplôme ?
Oui, il est tout à fait possible de devenir maraîcher sans diplôme, mais l’obtention du BPREA reste fortement recommandée pour acquérir les bases du métier et accéder aux aides publiques. Si vous êtes en reconversion, pensez à la validation des acquis de l’expérience (VAE) ou mobilisez votre CPF (compte personnel de formation) pour financer votre formation.
Quel est le salaire moyen d’un maraîcher ?
Le revenu moyen d’un maraîcher varie en fonction de plusieurs facteurs tels que la surface cultivée, ses canaux de vente, ses charges, sa région, etc. En phase de démarrage, les revenus sont souvent faibles (environ 1 300 euros net mensuels). Après quelques années d’activité, il peut se dégager un revenu net de 2 000 € par mois.
Quelles sont les cultures agricoles les plus rentables ?
Pour que votre production soit rentable, misez sur la qualité, surtout si vous optez pour l’agriculture biologique ou des méthodes respectueuses de l’environnement. Certaines cultures se distinguent par leur bon rendement économique, notamment les fraises, les pommes, les tomates ou encore les salades, particulièrement prisées en circuits courts.